Retour au salariat : histoire d'un échec réussi
J’en ai eu peur.
Je n’y ai plus pensé tellement cela me semblait impossible.
Je ne pouvais plus continuer.
J’ai commencé progressivement.
Et dans deux semaines je reprends un job “alimentaire” comme on aime le dire mais qui est bien plus que cela, à 100%.
C’est le cadre qui répond à mes besoins pour les prochains mois (années?).
2017 : burn-out en tant que salariée
2022 : burn-out en tant qu’entrepreneure
Changer l’extérieur pour éviter son intérieur c’est comme partir en voyage loin de chez soi en espérant laisser ses problèmes à la maison. Et le savoir ne suffit pas toujours pour faire autrement ;)
Il y a deux semaines j’ai démissionné de chez Zara. Je n’avais pas démissionné depuis 2001 ! Depuis cette date c’est toujours l’extérieur qui m’a fait bouger (licenciement, restructuration, burn-out). Je ne m’en était même pas rendue compte avant cette année lorsque j’ai pesé le pour et le contre pendant une bonne journée.
Changer, même pour quitter un environnement qui ne convient plus, n’est pas si simple qu’on le croirait.
Quitter le connu pour l’inconnu. Les personnes. Le rythme de vie. Le salaire. Les processus.
Dans tout ces domaines il y a du bon et du moins bon.
Et pour une des premières fois de ma vie je n’ai pas eu besoin de me convaincre que c’était obligatoire pour moi de changer. Je n’ai pas eu besoin de lister mentalement tout ce qui n’allait pas pour me motiver à changer. Je n’ai pas eu besoin de faire face à la douleur pour partir.
J’ai regardé en avant. Ce que j’aurais après le changement.
J’ai regardé en face, ma situation avec clarté. Ce que j’aime et ce que je n’aime pas.
J’ai choisi depuis un espace simple en moi. Je vois ce qui va me manquer. Je vois ce que je ne veux plus. Et face à cela je décide de partir. J’aurais tout aussi bien pu choisir de rester.
Profondément je me sentais appelée ailleurs. Alors j’ai suivi cet appel.
Je ne vais pas lister ici les points négatifs d’être salariée chez Zara en tant que vendeuse. Je ne vois pas en quoi cela pourrait être utile ou intéressant pour toi.
J’ai envie de lister quelques unes des choses que j’ai apprises durant ces 6 mois :
le travail en équipe - pas de comparaison sur les rythmes de travail de chacun, il y a un objectif commun et ensemble nous le réalisons. C’est très intéressant à expérimenter pour moi qui vient du monde des bureaux, un monde que je trouve beaucoup plus individualiste. J’ai vraiment envie de ramener ce nouvel apprentissage dans mon prochain job (qui est dans un bureau donc!)
être dans le corps libère - j’ai travaillé debout sans une minute de pause pendant des shifts de 5h d’affilée et j’ai observé que bouger permet d’évacuer l’énergie émotionnelle en surplus, automatiquement. J’ai l’esprit focus et je me sens bien. C’est aussi quelque chose que je veux garder alors que je vais recommencer à être assise la plupart du temps!
être soi dans l’instant suffit à contribuer - chez Zara je croise des centaines de personnes par jour et il suffit d’un sourire, d’un compliment ou d’un conseil pour mettre de la lumière dans la matière. Je ne suis pas styliste, ni adepte des dernières tendances mode et pourtant…
Je repense à chaque homme qui a retrouvé le sourire quand j’ai donné mon avis sur la couleur qui leur allait le mieux. Je repense à chaque homme qui s’est autorisé à ajouter un pull de couleur vive, ou une cravate hyper originale, dans sa garde-robe après une discussion ensemble alors que cela faisait longtemps qu’il en avait envie. Je repense à chaque homme, si beau à mes yeux, qui se regardait à peine dans le miroir et qui a changé de regard sur lui-même au fil des essayages.
Ces derniers mois et ces expériences (passées et futures) de retour au salariat ont vraiment été le pivot d’une transformation intérieure. Ma contribution et ma réalisation ne passent pas par “ce que je fais”, mais par “qui je suis” quand je fais ce que je fais. Alors j’ai moins besoin de trouver LA voie qui est la bonne pour moi. C’est un immense soulagement intérieur de ressentir cela. Un sentiment de paix profond de savoir que je suis toujours sur mon chemin.
Salariat ou entrepreneuriat : je ne les oppose plus, ils peuvent co-exister et ont chacun leur raison d’être.
Est-ce que toutes ces années ont été une expérience de plus pour, encore une fois, rassembler? 😉
Dream big, Love big
Caroline