Voici la suite de nos aventures, le lendemain de notre visite du Machu PicchuâŠ
Au réveil: la pluie!
A notre rĂ©veil la pluie battante ne nous fait pas sourciller et nâentame pas notre bonne humeur pour le programme que nous nous sommes fixĂ©: rejoindre Hydroelectrica Ă pieds (compter 2h â 2h30 de marche), puis Santa Teresa en combi ou des sources chaudes nous attendent!
Petit dĂ©j copieux au marchĂ© (riz Ă la cubaine (avec pommes de terre, oeuf au plat, salade et banane plantain) et jus frais) puis un bon latte macchiato (plus cher que le petit dĂ©jeuner!) dans un cafĂ© avec un wifi digne de ce nom. La pluie ne faiblit pas ⊠la housse de pluie de mon sac Ă dos fera son travail mais ne sera pas suffisante pour moi, je mâĂ©quipe donc dâun magnifique poncho de pluie Ă 20 soles et dâune casquette.
Une grande découverte pour moi: La casquette!
A la base je suis anti-casquette car je trouve ça franchement moche sur moi (et sur les autres)! Mais la dĂ©monstration dâEloa me fait changer dâavis: la casquette permet Ă la capuche du poncho ou de la veste de rester en place, et Ă©vite que lâeau ne ruisselle sur mon visage! Depuis jây ai trouvĂ© dâautres avantages; protĂ©ger du soleil et garder la tĂȘte au chaud. Vous verrez sur les photos qui vont suivre que jâai rĂ©ussi Ă trouver une casquette sympa đ
Nous prenons le chemin qui nous mĂšne vers la voie ferrĂ©e en direction dâHydroelectrica, sous la pluie donc, nos sacs sur le dos protĂ©gĂ©s par leur housse et le tout sous le poncho en plastique! Au bout dâune vingtaine de minutes nous demandons notre direction pour ĂȘtre sĂ»res dâaller dans le bon sens, bah oui ce serait dommage quand mĂȘme de se tromper et de devoir rallonger notre route. Le guide que nous croisons (et trois autres personnes aussi) nous dĂ©conseille fortement de continuer dans ce sens car des grĂšves bloquent complĂštement Santa Teresa. Plus aucun bus, ni aucun taxi ne peut entrer ou sortir de la ville. AprĂšs quelques longues minutes de rĂ©flexion nous rebroussons donc chemin vers Aguas et ne prenons pas le risque de nous retrouver coincĂ©es Ă Santa Teresa.
On continue Ă marcher!
Alors que faire? Les options ne sont pas nombreuses, il y a le fameux train pour Ollantaytambo Ă 60 USD par personne ou nos pieds pour rejoindre le KM 82 en suivant la voie ferrĂ©e vers Ollantaytambo. Nous Ă©tions parties pour marcher, et bien nous marcherons! Et puis le temps sâarrange et la pluie a cessĂ©. Petit dĂ©tail: pour rejoindre le KM 82 il y a 28 kilomĂštres Ă parcourir! Puisque nous partons aux alentours de 13h, nous dĂ©cidons de nous arrĂȘter au milieu du chemin pour une nuit sous la tente. Je suis toute excitĂ©e par une nuit de camping sauvage et prends la route de bon coeur! Au bout dâune trentaine de minutes, aprĂšs les deux premiers kilomĂštres parcourus, je ne me souviens plus trĂšs bien pourquoi nous avons choisi cette option! Le sac Ă dos est lourd et ma nuque et mes Ă©paules sont dĂ©jĂ meurtries par les bretelles. Mais pas question de faire demi-tour! (Eloa et moi sommes un tout petit peu bornĂ©es âŠ). Nous continuons notre chemin, tantĂŽt en tee-shirt quand le soleil chauffe un peu, tantĂŽt sous le poncho quand la pluie revient faire quelques apparitions. A Aguas, un gentil monsieur de lâoffice du tourisme nous a dit que nous pourrions planter la tente sous un abri Ă Pampacahua vers le KM 98. Câest donc notre but pour la journĂ©e. Jâaccueille chaque panneau indiquant les kilomĂštres qui se rĂ©duisent avec bonheur et cela me permet de me fixer des petits objectifs intermĂ©diaires âŠ
Un long voyage commence toujours par un pas.
De temps en temps lorsquâun train arrive nous stoppons notre marche et nous mettons bien sur le cĂŽtĂ© (câest mieux de lâĂ©viter, non?). Jâai bien essayĂ© de faire du stop mais sans succĂšs! Des petites « voitures-train » jaunes transportent des travailleurs mais jamais dans le bon sens⊠sur les deux jours quâaura durĂ© notre marche nous les avons toujours croisĂ© allant vers Aguas Calientes, mais jamais dans notre sens ⊠grande question: mais que font-ils des voitures jaunes et des travailleurs une fois lĂ -bas?? pourquoi nâen reviennent-ils pas? đ Autant de questions qui resterons sans rĂ©ponse âŠ
PremiĂšre nuit sous la tente
Nous atteignons, Ă©puisĂ©es, le KM 98 vers 17h, mais aucune trace de Pampacahua. Que faire? Il y a Ă ce niveau un grand champ plat, surplombant le fleuve, habitĂ© par quelques chevaux et avec des arbres. Tous les ingrĂ©dients pour une bonne place de camping: afin de monter le camp avant la tombĂ©e de la nuit nous nous y arrĂȘtons. Je rassemble du bois (le plus sec ou le moins mouillĂ© possible) pour le feu pendant quâEloa monte la tente. Ensuite je vais chercher de lâeau dans le fleuve pendant quâelle fait le feu (cela prendra pas mal de temps puisque toutes les brindilles et branches que nous avons trouvĂ© sont humides). Nous finissons par avoir un bon feu de camp qui nous rĂ©chauffe bien et nous permet de cuisiner pour le repas du soir. La nuit est tombĂ©e, la pluie sâest arrĂȘtĂ©e et il reste quelques nuages dans le ciel qui cachent la lune et les Ă©toiles. Quelques minutes plus tard nous sommes rejointes par deux argentins qui nous demandent sâils peuvent planter leur tente Ă cĂŽtĂ© de notre feu: biensĂ»r! Ils sont tout Ă©tonnĂ©s de nous voir toutes les deux ici: deux filles en camping sauvage, suivant la voie ferrĂ©e sur 28 kilomĂštres, ils nous traitent dâ « aventuriĂšres »! đ
La nuit commence bien mĂȘme si la tente est vraiment petite. Les sacs Ă dos ont du rester Ă lâextĂ©rieur, Ă lâabri sous un poncho de pluie. Nos sacs de couchage sont assez chauds et je ferme les yeux rapidement. Je suis rĂ©veillĂ©e en pleine nuit par le bruit de la pluie sur la tente, qui nâa, je ne lâavais pas mentionnĂ©, quâune seule Ă©paisseur ⊠donc qui nâest pas impermĂ©able đ Eloa se lĂšve pour la recouvrir avec notre second poncho de pluie! Mais cela nây fera rien, au bout de quelques dizaines de minutes nous prenons lâeau. La tente est si petite quâil est difficile de ne pas toucher les bords ⊠les sacs de couchage sâhumidifient petit Ă petit. Nous nâattendons plus quâune seule chose: que le jour se lĂšve pour sortir de ce calvaire et reprendre notre route! Heureusement vers 5h30 les premiĂšres lueurs du soleil nous permettent de sortir de notre piscine; toujours sous la pluie nous ramassons nos affaires et reprenons notre route le long de la voie ferrĂ©e.
4 kilomĂštres ou 1 heure de marche plus tard (eh nâoubliez pas que nous avons les sacs de plus de 15 kilos sur le dos) nous rejoignons le KM 94 et Pampacahua! Sous les gouttes qui ne se sont pas arrĂȘtĂ©es, nous nous mettons au sec sous un abri. Il y a mĂȘme du bois! FatiguĂ©e et nâayant mangĂ© quâune banane et un bout de pain nous faisons du feu pour un arrĂȘt petit dĂ©jeuner: flocons dâavoine au lait et sucre! Grand luxe! Et nous reprenons notre route sous la pluie âŠ
A partir du KM 93 nous nous éloignons de la voie ferrée et commençons un nouveau chemin, à travers champs, plus vallonné. Quelques montées nous donnerons du fil à retordre! Admirer ce nouveau paysage nous occupe et fait passer le temps différemment, mais perdre les repÚres kilométriques de la voie ferrée devient parfois frustrant.
La mesure de temps nâexiste pas, seul le moment prĂ©sent compte!
Le chemin nous permets de passer au dessus des quelques tunnels de la voie de chemin de fer, ce qui mâenchante. Je nâĂ©tais pas trĂšs fiĂšre au moment de passer le premier: les tunnels ne sont pas longs du tout, mais plutĂŽt Ă©troits. Le train + moi + le sac Ă dos ce serait un peu compliquĂ© je pense. Au passage des tunnels nous dĂ©tachons donc nos sacs Ă dos pour pouvoir les lĂącher en cas de besoin!
Vers le KM 88 nous traversons un petit village. Quelques pancartes sur le bord du chemin invitent Ă acheter de lâeau ou manger un bout. Nous avons mangĂ© lors de notre pause au KM 90 et continuons notre chemin, encouragĂ©e par un papy « le KM 82 nâest plus loin, une heure de marche et vous y serez! ». Une heure de marche pour lui peut ĂȘtre, pour nous câest une bonne heure et demie, sans compter les pauses!
Le chemin que nous empruntons est vraiment joli, Ă travers la montagne et la verdure, parfois nous passons un petit pont. Mais il est aussi beaucoup plus difficile en montĂ©e que suivre la voie ferrĂ©e en contrebas. Nous hĂ©sitons parfois Ă la rejoindreâŠ
Une pause au KM 85 et nous sommes rejointes par les argentins croisĂ©s pendant la nuit. Ils nâont rien mangĂ©, sont partis plusieurs heures aprĂšs nous et galopent comme des chĂšvres dans les montĂ©es. Je constate une fois de plus que lâhomme et la femme ne sont pas Ă©gaux. Nous discutons avec eux un petit moment, autant que notre comprĂ©hension de leur espagnol trĂšs accentuĂ© nous le permet, ils nous donnent une adresse pas chĂšre Ă Cuzco, et nous repartons ensemble vers le KM 82. Enfin ensemble, câĂ©tait les 30 premiĂšres secondes ⊠ils nous ont vite distancĂ©es!
Au KM 83, pas le choix, il faut longer la voie ferrĂ©e. Ce nâest plus un chemin mais un pierrier. AprĂšs tous ces kilomĂštres parcourus et les efforts fournis, ce dernier bout me semble durer une Ă©ternitĂ©, et marcher sur les pierres si difficile! Enfin, nous voyons le dernier panneau kilomĂ©trique, le tant attendu KM 82! Et le village connu sous le mĂȘme nom, dâou partent les combi pour rejoindre Ollantaytambo. DĂ©livrance!
FatiguĂ©e, trempĂ©e mais heureuse et quand mĂȘme un peu fiĂšre dâĂȘtre arrivĂ©e au bout de ce pĂ©riple, je monte dans le combi et mâaffale sur un siĂšge. Changement de vĂ©hicule Ă Ollantayambo, pause repas et dĂ©part en bus de Urubamba, nous arrivons Ă Cuzco en fin de journĂ©e Ă la nuit tombĂ©e. Nâayant pas de rĂ©servation pour la nuit nous profitons du « bon » conseil des argentins et arrivons Ă lâauberge de jeunesse « Sol Latino » dans le quartier de San Pedro. Pour 8 soles la nuit par personne, imbattable sur Cuzco, nous dormons dans un dortoir de 16 lits. La douche laisse franchement Ă dĂ©sirer et malgrĂ© mon envie de faire passer tous ces kilomĂštres par un bon jet dâeau chaude sur mes Ă©paules je dĂ©cide de ne pas lâutiliser! Une bonne nuit de sommeil bien lourd me remet sur pieds; levĂ©e Ă lâaube, comme bien souvent ici car je vis au rythme du soleil, je contacte Drhuva par email pour nous rĂ©server deux lits Ă NamastĂ© House. DĂšs sa confirmation je remonte dans la chambre pour prĂ©venir fiĂšrement Eloa mais suis stoppĂ©e dans mon Ă©lan par une grande idĂ©e de lâauberge Sol Latino: repeindre le sol entre la cuisine et la chambre Ă lâheure du rĂ©veil des rĂ©sidents et leur barrer le passage entre les deux piĂšces! AprĂšs une trentaine de minutes Ă patienter et Ă mâĂ©nerver toute seule je dĂ©cide de passer malgrĂ© lâinterdiction. Nous faisons nos sacs, payons notre nuit et rejoignons lâappartement de Drhuva, Prema, Damodhar et Alejandro qui sera notre maison pour quelques jours.
La photo de la fin đ
Et en dernier conseil: si vous le pouvez, allez profiter des sources chaudes de Santa Teresa!